La musique : un art de vivre….

Dans notre Charente Maritime,  nous ne sommes toujours pas en hiver : tout bourgeonne, même les pelouses retrouvent de la vigueur, laissant croire que le printemps est déjà là !
Lorsqu’hier je dis aux amis de  Picardie que j’ai déjeuné sur ma terrasse face à la mer avec un ami…. L’envie de changer de Région les envahit … provisoirement, parce que les raisons de leur attachement au terroir  ne sont pas climatiques, mais une page de leur histoire.

Dans la situation qui est la mienne aujourd’hui, je prends le temps de lire, de regarder, d’écouter  sans mesurer le temps « time » que je consacre à ces plaisirs  des yeux, des oreilles et de mon esprit vagabond… tandis que mes enfants et deux de mes petits enfants, sont dans l’action, sans grand espace de liberté, la seule étant leur passion pour ce qu’ils ont choisi et entrepris, ce choix restant un privilège que beaucoup ne peuvent s’accorder.
Lorsque j’écris, j’écoute Radio Classique ou un de mes CD préférés, plutôt époque Baroque ; mais grâce à Sylvie – flutiste professionnelle pendant 12 ans, avant de devenir ingénieur – mes oreilles se sont peu à peu familiarisées à des œuvres contemporaines. Elle n’était pas dans mes gènes cette mélodie !. J’écoutais les pièces de concours qu’elle préparait avec une persévérance que j’admirais… Peu à peu la mélodie, traversant les murs de sa chambre ou venant de la terrasse où elle jouait, m’est devenue agréable, même si je reste réservée sur les dissonances voulues dans certaines de ces œuvres. « Poulenc »  est devenu mon ami !

J’ai eu la chance d’apprendre le piano à 5 ans, puis interrompue par la guerre, j’ai repris les cours à un âge où les émotions se manifestent, où  la souplesse des doigts se développe en même temps que l’envie de jouer, même si mon professeur, d’une exigence maladive… utilisait plus souvent la baguette qui lui servait de guide sur la partition, pour taper sur mes doigts… « Mon piano » est devenu mon ami, celui auprès duquel je me suis souvent réfugiée pour cacher mes larmes d’enfant, mes chagrins d’adolescente et les douleurs de la vie… De ma Bourgogne, je suis « montée » à Paris étudier, sans mon piano. Ce n’est pas une « flute traversière » ou d’autres instruments à vent que les musiciens transportent sur leur épaule pour jouer là où ils le souhaitent. Comme disait un ami concertiste « notre difficulté est de s’adapter à un nouveau piano pour chaque concert ». Je l’ai donc abandonné ; puis, jeune mariée, j’ai choisi la guitare pour découvrir un autre son, d’autres harmonies avec ma cousine Irène dans sa chambre d’étudiante parisienne où je me rendais chaque semaine. Moments de bonheur partagés !
A travers mes lectures sur la vie  de certains  compositeurs de génie : Mozart, Beethoven, Schubert, Liszt,  Chopin (et son amour pour  George Sand),  j’ai pu percevoir aussi les faiblesses et la fragilité de  leur quotidien.  Si j’écoute beaucoup Haydn, Vivaldi, Albinoni, je garde un amour particulier pour Pergolese, qui hélas, est mort à 33 ans comme le Christ, laissant derrière lui peu de ses œuvres.  Il a su donner une vie à chaque instrument de l’orchestre, perceptible  à mon oreille.
La musique fait partie de la culture familiale Harlé pour ma génération et  les suivantes, neveux, nièces, cousins, cousines, petits enfants,   certains ayant  choisi cet art professionnel,  toujours avec talent, souvent avec succès.
Mes enfants ont grandi entre l’école, la musique, la voile, sans beaucoup de temps morts pour d’autres loisirs personnels… (Mère indigne !)  Mais il arrive une année, celle du Bac, où il faut élaguer…  Sylvie a choisi la musique, laissant provisoirement la voile, Isabelle, les études, pour reprendre sa guitare quelques années plus tard et Martine, douée pour le Hautbois, a choisi les compétitions de voile. Peu importe le choix final. Je savais, par expérience, que si la musique  développe la sensibilité, elle est aussi un moyen de  retrouver la sérénité dans les difficultés auxquelles personne n’échappe. Pour moi, tous les enfants devraient pouvoir découvrir un instrument de musique. Les conservatoires, inexistants dans ma génération, leur offrent cette opportunité. Sans devenir des professionnels,  ils peuvent s’épanouir dans des formations d’orchestres amateurs  pour  garder leur acquis et se faire plaisir. Ce n’est pas réservé qu’aux riches !

J’ai en mémoire récente l’initiative prise par Benoit Faucher – violoncellistes de talent, qui après ses études artistiques à La Rochelle et Paris, puis  un séjour aux États-Unis, a choisi de revenir en France passer le CAPES  pour enseigner dans les écoles. Il fut nommé à Sarcelles où il arriva un jour avec son violoncelle  pour commencer son cours à des classes multiraciales. Surpris, puis séduits, le chahut n’était pas dans ses classes. Tout en enseignant, il passe l’Agrégation, mais choisit de rester à Sarcelles dans cette école dite difficile et prend l’initiative de solliciter le Conseil Général pour obtenir des  instruments à cordes afin de pouvoir les confier à ces mêmes élèves  dans la perspective de leur faire jouer quelques pièces,  en association avec un orchestre britannique dont le chef d’orchestre a compris l’importance d’une initiative telle que celle-là.

Je suis allée « Pleyel » assister à ce concert grandiose surtout sur le plan humain. C’était un grand moment,  un de ces jours uniques,  de gloire et de fierté,  autant pour les parents admiratifs que pour les enfants, fiers de  jouer dans ce lieu,  car ni les uns ni les autres n’avaient, sans doute, jamais pénétré dans un tel théâtre.  La musique est universelle, et devrait être à  la portée de tous !

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Je quitte  ce chapitre sur l’art du son, pour vous dire que  les chimio se succèdent  en attendant de savoir si mon cas est opérable ou non. Ce traitement qui me rend vulnérable aux microbes circulant dans l’air, ne m’a pas épargnée,  puisque une toux persistante (virus) a duré 3 semaines sans que les traitements proposés ne soient réellement efficaces jusqu’à ce que je prenne de la Cortisone, me libérant  de ce virus plutôt tenace….
Je peux donc envisager l’avenir avec sérénité puisque je vais m’envoler pour la Guadeloupe pour naviguer avec des amis sur un gros catamaran.

Mon oncologue, prévenue de ma passion pour le milieu marin, a  accepté de reporter d’une semaine le traitement. Je vais donc avoir une chimio le 3 Février, prendre  le train le 4 et l’avion le 5… N’ayant aucun goût pour la nourriture pendant 3  jours après la chimio, je vais essayer d’emporter quelques « douceurs » pour mon repas dans l’avion…  munie d’un certificat spécial à présenter au contrôle des bagages pour ne pas les voir partir à la poubelle, imaginant qu’il s’agit d’une bombe à retardement….

…. Et retour le 16 Février,  pour vous rapporter un peu de soleil et vous faire rêver !…….

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2 réflexions au sujet de « La musique : un art de vivre…. »

  1. Sylvie Dupleix

    Quel bonheur de te lire! Tes récits sont tellement intéressants et chaleureux, tu devrais écrire un livre sur ta vie pour qu’on en profite tous!

    Nous sommes rentrés samedi dernier, après 2 semaines de navigation aux Antilles. Nous étions, comme d’habitude, sur le Salina 48 de Pierre Sadoc (en copropriété avec J-F. Fountaine). Nous avons quitté St. Marteen pour La Guadeloupe, via St. Kitts et Montserrat, le but étant d’arriver aux Saintes le plus vite possible où nous voulions retrouver la cousine de François. La descente a été agitée, bon plein (ce qui n’est pas la meilleure allure pour le cata), 25 à 32 nœuds de vent et mer très formée, bref, on s’est bien fait secouer. C’est une vraie récompense d’arriver aux Saintes. J’adore ce village, les petites maisons peintes, les plages de Pain de Sucre ou de Pompierre, et le resto Ti-bo Doudou où on dîne les pieds dans le sable. Ensuite, on est reparti tranquillement vers le nord, au portant jusqu’à la fin. Escale très sympa à Deshaies, nord de la Guadeloupe où on s’est régalé d’accras. Puis Antigua, on adore se balader dans English Harbour! Je te signale un joli mouillage au nord dans Five Islands Bay, et si tu mouilles assez près de la plage de l’Hermitage Hotel, tu profites de leur WiFi qui n’est pas sécurisé. A bord, on appelle cela un « bon mouillage » car on peut ainsi relever et envoyer nos mails sans descendre à terre! Enfin, St. Barth, l’île Fourmi, Tintamarre et Grand Case où nous sommes arrivés le mardi, jour de grand marché, et de grande fiesta toute la soirée. Voilà, croisière sympa avec bien sûr du soleil, quelques grains et une eau à 26° que tu apprécieras sûrement en plein mois de février. On a repris la vie parisienne, le temps est pourri mais on espère surtout que les vagues ne vont pas encore attaquer notre île! Profite bien de ta croisière, on pensera à toi et donne-nous des petites nouvelles… c’est toujours un régal. On t’embrasse Sylvie et François.

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